Atelier plaquette


L’ATELIER PLAQUETTE

 

L’  »atelier-plaquette » est un dispositif en rupture avec le fonctionnement de l’ atelier d’écriture, tel qu’il est connu avec ses consignes et l’organisation de son temps. C’est un dispositif et un processus mis en route à partir d’un projet élaboré collectivement en vue d’une production non pas intérieure à l’atelier mais destinée à être socialisée sous la forme d’une « plaquette », d’où le nom de l’atelier. (En l’espace d’une journée il est en effet difficile d’écrire l e contenu d’un livre, il peut par contre être amorcé).

Cet atelier a été vécu pour la première fois a Viazac lors d’un Séminaire d’Ecriture du Secteur Poésie du GFEN en Juillet 1980. I1 a servi à la production d’un N° Spécial de la Revue « Cahiers de Poèmes »: « Questions à l’imaginaire ».

Objectifs: Comme l’écrivait Jean Delpuech, l’inventeur de cet atelier, dans ce N° spécial: « L’objectif est d’obtenir un document écrit pour une publication par un travail collectif dont les principales tâches s’organisent simultanément.

Ce qui implique de:

– s’affronter à l’ensemble des problèmes matériels et intellectuels de l’écriture.

– renverser et dépasser l’idée que tout doit être pensé avant d’être écrit…

Les expériences montrent qu’ il est possible d’aller très loin dans l’ intégration collective de ce travail, avec des conséquences importantes à tous les niveaux. »

 

 

Organisation

Le dispositif.

Du fait de l’organisation de l’espace en différents lieux, et des circulations entre ces lieux, l’atelier fonctionne comme un dispositif, sans qu’il soit besoin de donner des consignes pour jalonner le parcours. Pas de consigne, mais une situation de départ établie en fonction du projet d’écriture. Différents lieux: lieu de parole, lieux d’écriture, de lecture, de critique de textes, de fabrication de la maquette.

Ceci fonctionne dans un espace donné et dans un temps donné. A l’intérieur de cet espace et de ce temps, le déroulement s’effectue en fonction de la dynamique de l’atelier.

L’atelier débute toujours par un cercle de décision, un « lieu de parole « qui dure le temps nécessaire à l’appropriation du dispositif, première mise en route de l’élaboration du projet. Il s’agit de passer le plus rapidement possible à l’écriture, plutôt que de parler. La formalisation par l’écrit est un outil d’appropriation rapide de l’atelier. La succession des temps, l’évolution d’un lieu à un autre dans l’espace de l’atelier n’est régi que par les besoins engendrés par le processus d’écriture.

 

Le cercle de décisions.

Au début de la démarche, le cercle de décision joue son rôle de lieu de définition collective du projet qui va s’élaborer, de son appropriation, le lieu de définition des conditions pratiques du travail. S’il est à nouveau réuni, c’est donc dans la perspective d’une élaboration plus fine du projet ou pour apporter une aide, au moins par le questionnement qui pourra s’y formuler. A la fin de la période d’écriture, généralement « sentie » par l’animateur, il se réunit pour jouer une autre fonction, celle de fabriquer la maquette de l’ouvrage qui sera produit à partir des textes.

La table des maquettes.
La table des maquettes, pour continuer en termes de lieux, joue un rôle lourd de conséquences. II s’agit ici de décider, à partir de la somme des textes obtenus, quelle orientation leur donner pour donner sens au projet qui s’est élabore tout au long des étapes précédentes.

II va s’agir, à l’inverse d’un ouvrage constitué à partir d’un synopsis, de donner des titres à des chapitres, une fois les textes écrits: il y a des textes, on va construire une colonne vertébrale pour donner un corps à l’ouvrage répandu sur le sol.
Les titres sont proposés, débattus, choisis dans la perspective du projet initial. Il s’agit maintenant de choisir les textes qui rentrent sous les différents plans. C’est un moment très chargé de discussion, de confrontation, de conflit, qu’ il n’est pas utile d’éviter. Le conflit dans le travail ne nuit pas au fonctionnement, mais se dépasse toujours dans le faire. Moment très chargé de responsabilité: que laisser, que garder, dans quel ordre, sousquelle tête de chapitre ?

Du projet à la plaquette.
On avait un projet, une profusion de textes, il s ‘agit d’ aller maintenant vers un contenu qui non seulement fait sens par rapport au projet, mais qui risque de le dépasser en poussant la conceptualisation jusqu’au bout. II s’agit en effet, autour de la table de maquettes, de donner collectivement un contenu conceptuel à ce qui vient d’être élaboré, produit et qui sans cela ressemblerait plutôt à un patchwork qui, même s’il était beau et ferait plaisir, laisserait tout un fonctionnement conceptuel en reste, avec ses effets pour les participants à l’atelier et pour les destinataires.

 

Un outil pour s’approprier des projets
L’atelier plaquette est un outil qui permet à tout groupe qui s’en empare d’élaborer, de fabriquer, de s’approprier des projets par un fonctionnement ou l’écriture individuelle, loin d’être noyée dans un collectif, de par un fonctionnement hautement démocratique, peut jouer son rôle singulier, tout en bénéficiant de l’apport des autres et en en faisant bénéficier l’ensemble du groupe en situation collective d’écriture. Un outil conceptuel et un processus qui permettent de pousser les projets en cours, d’en élaborer de nouveaux, d’écrire de la poésie, de pousser des recherches théoriques, de s’emparer de projets d’animation, de mise sur pied de stage. C’est en outre un processus qui permet de réfléchir, en même temps que l’ on écrit, à l’acte d’écriture lui- même, donc un processus qui peut permettre une écriture à deux niveaux, celle d’un récit ou d’un projet et celle de l’acte d’écrire, ceci en centrant à peine l’animation dans ce sens, tant le dispositif le permet.

 

(Nouvelle rédaction : Michel Neumayer)