Les classiques de l’éducation nouvelle
samedi 8 octobre
« Que s’est-il passé le 6 février 1934 »
1. On se met en route : on s’inscrit, on prend du café, un peu de yoga
2. On se présente
Nos lieux d’intervention :
Collégienne, éducatrice foyer, bénévole FLE, samu social, conseiller pédagogique mais aussi professeurs futurs, stagiaires, anciens, école primaire, collège, lycée, Canopé …
3. Nous allons vivre une démarche inventé par Michel Huber (et retravaillée par Odette et Michel Neumayer)
Pistes :
– où sont les ruptures que l’éducation nouvelle prétend apporter ?
– comment penser le réinvestissement créatif sur nos terrains d’action ?
– comment mener un autre débat sur l’avenir de l’École et la pédagogie que celui qui voudraient nous imposer certains médias actuels ?
Que s’est-il passé à Paris le 6 février 34 ?
Pistes de l’atelier
– l’histoire comme vérité ou l’histoire comme controverse ?
– petite histoire ou grande Histoire ?
– travailler dans la complexité est-ce si facile que cela ?
Lecture d’un texte de Paul Ricoeur.
Tout ce que je sais ou je ne sais pas du 6 février 34 ?
Nous faisons une fresque que nous oralisons en vrac et en morceau.
Nous allons essayer de comprendre ce qu’il s’est passé. Quatre groupes travaillent sur quatre documents pour mettre en place une commission d’enquête parlementaire.
Nous jouons la commission d’enquête : 5 députés reçoivent les dépositions de 4 témoins sous le regard attentif de 4 journalistes.
Puis nous écrivons : les journalistes leurs articles , les autres des questions ; puis un texte personnel pour que notre petite histoire rentre dans la grande Histoire (« L’Histoire avec sa grande hache. » Perec)
"Ce jour là ma grand-mère, Marguerite, s'est levé très tôt. Elle voulait aller au marché avant que les enfants se réveillent. Il n'y avait plus de café pour Alexandre , mon grand-père. Naïma est arrivée très tôt dans la maison endormie. Marguerite est partie vers le centre de Casabalanca . Elle a acheté le café, mais aussi des… " (Texte d'une participante)
Analyse réflexive : Maintenant réfléchissons un peu à notre dispositif, en comparaison d’autres « explications » sur les événements de 34.
– l’auto-socio, ça marche comment ?
– la « construction » des savoirs, par quoi passe-t-elle ?
– confort et inconfort dans une pédagogie d’Éducation Nouvelle ? (du côté de l’apprenant, du côté du « maître »)
– comment schématiser le dispositif ?
– quelles ruptures avec les « méthodes traditionnelles » ? Où se nichent-elles ?
`Le témoignage d’Alexis
En ce qui concerne la journée d'hier, je te livre pêle-mêle les remarques prises lors de la réflexion menée en fin de journée : Pour la question "qu'est-ce que cette manière de faire bouscule?", on a repéré qu'il y avait une rupture nette vis-à-vis d'une pratique très (trop?) habituelle : la transmission verticale de connaissances toutes prêtes à être ingurgitées. À l'inverse, la démarche entreprise hier sort de cette unilatéralité au profit d'un apprentissage horizontal, où l'on construit en groupe, dans l'interaction. Ceci a d'ailleurs pour conséquence de faire sortie de l'échelle de valeurs habituelle des réponses : aucune réponse n'est a priori attendue et la hiérarchie des réponses fait alors place à leur simple différence. Ça bouscule d'autant plus qu'aucune réponse ne sera apportée par l'animateur : on ne saura pas ce qui s'est vraiment passé le 06/02/1934. Mais justement, c'est l'objectif même d'une séquence d'enseignement qui est bouleversé : l'important n'est pas le savoir positif retenu, le concept canonisé, mais de s'être engagé dans l'activité et de s'être affronté à la complexité de l'affaire. Ce type de démarche modifie aussi le rapport au temps : ce dernier se dilate dans ces démarches "chronophages". Si elles prennent du temps, elles n'en font pas perdre pour autant : le temps court de l'instant pédagogique est étiré mais le temps long de la remémoration l'est aussi. Plus encore, elles font toujours apparaître que le savoir ne sera jamais tout entier conquis : dans une démarche de construction de savoir, on n'aura jamais tout à fait fini, on manqueratoujours de temps. Mais une fois l'activité terminée, on peut ressentir le plaisir de la frustration (frustré que tout ne soit pas donné, terminé, fait, etc.). On peut sans doute voir dans ce temps long une possibilité également de plus ou moins s'investir selon les moments, sans que ce manque d'investissement temporaire soit préjudiciable à l'activité (on peut toujours la rattraper en cours de route si tant est qu'on ait été physiquement là depuis le début). Il y a une modification du rapport au document : ils sont interrogés sans question, ce qui rend le travail vivant. Ils sont désacralisés (ils sont seulement un point de départ qui n'a aucune importance tant qu'ils ne sont pas investispar les participants). Enfin ils sont pluriels, s'offrent à la confrontation. Ces bousculements se font grâce à un contrat, tacite avec les adultes, explicite avec les élèves. On a pu relever différentes facettes du contrat : il y a l'assurance de réussite, on peut toujours faire quelque chose de la production de quelqu'un, on rend la personne capable de faire quelque chose. Ensuite il y a la dimension de la bienveillance, de la confiance, d'où la difficulté à mettre en place ces démarches déroutantes en début d'année en classe. Enfin l'organisateur s'engage à mettre en œuvre les bons moyens, ceux qui permettront que l'activité soit réussie.